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Saison de sel 

 

à Isabelle

 

Les caprices de notre automne ne mènent à rien

Je voudrais offrir à tes yeux des rivières

des roses absolues

des années labourées sans récolte de cendres

Je voudrais remonter notre destin de l’abîme

préserver la mémoire de l’Euphrate

loin des rêves pris entre les plis du silence

d’exilés morts à force de regret

 

Les saisons n’ont pas laissé de traces

et la rivière étirée en cortège d’ombres blanches

parle de blessures

d’incendies après la pluie

 

Ces vieux jours éclaboussés de haine

nous ont permis d’apprivoiser la paix

Ces jours en mouvement lent

comme des restes de braises

dans la nuit morte

 

Il nous échoie la blancheur du sel

que le destin a tissé au royaume du vent

aussi haut que mes jours torturés

 

Avec ta sève

ce sel perdu dans les pentes de l’ombre

éblouie du cristal de tes hanches

que mon corps sans cesse conquérant remontait

 

La forêt écimée dans l’immensité

nue face à la mer 

témoignera plus tard

que le vent a humé les pierres

et dispersé les nuits brisées de la femme

au visage d’argile

 

 

 

Poème extrait du recueil "Rebâtir les jours" 

de Salah Al Hamdani, Editions Bruno Doucey, Paris, 2013

(poème écrit en français) page 51 

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