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Salah Al Hamdani

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Isabelle Lagny, poète

Introduction d’Isabelle Lagny

Pour le livre "La sève et les mots"

de Salah Al Hamdani

Editions Voix d’Encre, 2018

 

       La sève et les mots n’est pas une mince entreprise. Comme Salah Al Hamdani nous l’explique, elle se veut l’essence de 40 années d’écriture, rien de moins. Le poète a souhaité livrer ainsi une première étape dans la recherche « de son point lumineux ». Il s’agit dans ce premier volet, d’une relecture de l’ensemble de ses recueils de poèmes écrits directement en français (donc depuis les années quatre-vingt dix), dans cette langue qu’il s’est mise à chérir alors qu’il devenait homme dans son exil (Si Bagdad m’a fait naître, la France m’a fait homme,[1]). Il inaugure ces écrits en langue française avec Le doute (1992), dont il ne revendique qu’un seul poème, Fièvre, et continue avec Ce qu’il reste de lumière (1999), Au large de douleur (2000), pour s’affirmer avec Bagdad, mon amour (2003) qui paraîtra successivement aux Editions de l’Aube, aux Editions Ecrits des forges (2008) et enfin aux Editions Le Temps des Cerises (2014). S’il a longtemps lutté avec la langue française, il semble que celle-ci se soit emparée de lui en définitive, qu’elle ait domestiqué l’homme de la Terre, Enkidou, le personnage mythique de l’Epopée de Gilgamesh qu’il avait justement incarné au Théâtre de Chaillot, pour le conduire de la rébellion[2] à la sagesse[3]. Ainsi son verbe, arborescent en arabe, illuminé d’arabesques sur une profusion d’images fulgurantes, se condensa dans son écriture poétique  en français, en laissant place durablement à la sécrétion d’une réflexion encore plus universelle. Et de son lyrisme qui oscillait depuis le début entre l’épique et l’intime, en référence à l’exil, la nostalgie de la terre patrie, l’amour du peuple et le manque de la mère, survinrent de nouvelles lumières nées de l’amour pour une femme qu’il s’agissait de rejoindre.

Les petits fragments de poèmes présentés ici dans une suite organique et non chronologique, sont choisis et parfois réécrits par le poète (qui ne s’arrête jamais de remettre l’ouvrage sur le métier). Ils constituent autant d’images fraternelles qu’il aime à distribuer aux passants, les lecteurs, espérant que la petite lumière en lui, pénétrera l’âme de l’autre, le poussera à sortir de sa torpeur ou de son indécision. Salah Al Hamdani n’aime pas tant écrire, que convaincre, transformer le monde même en tâtonnant, et parfois tel un vent généreux, emporter l’adhésion des hommes et leur volonté. De ce grand élan lyrique, il attend du lecteur, de l’auditeur, une prise de conscience, une conviction que la fraternité est le ciment des hommes.

Isabelle Lagny

 

 

[1] Rebâtir les jours (2013)

[2] Ecrits de rébellion traduits de l’arabe et publiés en France, de Gorges bédouines (1979) à L’arrogance des jours (1997).

[3] Tous ses écrits en français à partir de Ce qu’il reste de lumière (1999) et jusqu’aux recueils inédits de 2016 (Une blessure pour grandir ; Le goût des cendres).

Petit titre

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