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Eve Lerner / Poète
Portrait par Robert Le Gall Photographe
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Salah Al Hamdani

Ce qu’il reste de lumière suivi de Au large de Douleur

Les Éditions Sauvages, collection Phénix, 2020.

Couverture et encre de Ghassan Faidi.

ISBN : 978-2-917228-49-4

148 pages, 13€

Chemin d'amour de l'homme blessé

 

                                                                      Par Eve Lerner

 

    Pour Salah Al Hamdani, le chemin de l’homme blessé, de l’exilé en mal de pays, c’est le chemin de la mémoire, de la révolte et de l’écriture, seule issue, seule fenêtre, seul voyage, seule voilure vers le dépassement des défaites, de la souffrance, de la guerre, des hommes-chiens, du monde des noirceurs, vers le dépassement de soi.

    Sur ce chemin, se diffuse d’abord la mémoire noire, les saisons blessées, les hyènes du souvenir, le cimetière de nos pensées. La mort colle à la peau, le poète porte la tombe en lui, il doit apprendre à marcher à travers les jours en deuil. Mémoire noire qui va de pair avec la mémoire accablée d’absence, la perte du pays d’origine, de ses deux, grands fleuves, de Bagdad, à l’origine de [sa] peine, et le retour impossible.

    Le sentier solitaire du deuil, la faille que le poète porte en lui n’excluent pas le retournement : Je serai sûrement celui qui mord le bord des jours et fait souffrir le temps. Laissez-moi m’abandonner (...) aux songes de l’avenir. La "matière noire" cède le pas à l’émergence de la lumière sous toutes ses formes, lune, soleil, nuages, lueurs, battements de l’aube et de l’aurore, reflets de la mer, braise du désert, mousse d’étoiles. Je veux griffer une autre lumière (...) où mes nuits ne dansent plus que pour toi.

 

    C’est par l’amour que l’on se désincarcère : II faut dépasser notre haine. On trouve dans les deux ouvrages de nombreux (r)appels à l’amour, prégnants, brûlants, vibrants. Au large de ton désir / je t’accueille et je me joins à lui. / Du haut de la solitude / je dessine ta liberté / et je me joins à toi.

Qu’il s’agisse de mort, de souffrance, de haine, de souvenir, de nostalgie, du doute, de voyages, de paysages, de visages, des palmiers de l’enfance, d’amours charnelles ou de l’amour du pays, la poésie de Salah Al Hamdani est puisée par le même flux, le même imaginaire, la même fulgurance, la même incandescence. Le potentiel de révolte n’a pas entièrement disparu. On le retrouve dans le flux de l’écriture, qui vogue, se cabre, renâcle, rue, bondit, griffe, mord, happe le réel comme le lecteur.

 

 Eve LernerPoints de vue dans la revue Spered Gouez, L’esprit sauvage, n°26, 2020, Carhaix-Plouguer

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